À LA MAISON
Les maisons traditionnelles poitevines, comme à Loubressac, sont construites avec des toitures à pentes faibles couvertes de tuiles canal ou romaine. Cette faiblesse de la pente entraîne une originalité de l'architecture poitevine, le grenier est toujours situé au dessus du corps d'habitation, avec de petites ouvertures pour son éclairage. L'accès se fait par un escalier intérieur, extérieur et parfois même par une simple échelle. Les murs sont principalement en moellons de calcaire et quelques blocs de silex. La pierre de taille est utilisée pour les ouvertures et le chaînage d'angle.
On retrouve encore quelques éléments architecturaux qui témoignent des usages anciens : la pierre d'évier, les potagers, la « marée » et son œil de bœuf, les puits, les fours.
À l'intérieur les pièces d'habitation ne se trouvent qu'au rez-de-chaussée, l'étage servant de grenier pour entreposer le blé, les fruits secs, etc. Toute la famille, souvent nombreuse (les grands parents, les parents, et plusieurs enfants), vivent et dorment dans les mêmes pièces. Elles étaient divisées en carrés de 4 à 8 mètres de côtés. Toutes les maisons sont équipées de cheminées pour se chauffer, mais également pour faire cuire les aliments.
Les plafonds sont faits de poutres grossièrement équarries à la hache. Au sol, on trouve directement de la terre battue, des pierres plates qui abondaient dans les champs, ou des carreaux de terre cuite.
Le potager, placé dans les maisons près de la cheminée, les braises sont placées dessous, et permettent de faire chauffer les marmites placées au dessus. (ancêtre des plaques de cuissons)
Situé dans une ancienne maison au 24 rue de la Chapelle, Loubressac.
La "marée" et son oeil de boeuf : au niveau de la cuisine, la sortie d'évier est un bloc de grès entaillé par une rigole destinée à l'acheminement des eaux usées. Une petite ouverture éclaire faiblement le bac qui se trouve à l'intérieur de la pièce.
Situé au 16 rue de la chapelle, Loubressac, ancienne Auberge "à l'oche melée".
Après la Révolution et l'abolition des privilèges, les habitants se sont dotés de fours à pain. On en retrouve plusieurs à Loubressac. Certaines fermes possèdent des fours privés. Au coeur du village, l'auberge "à l'oche melée" possédait également le sien, sous un petit toit. C'est là que se tissait la vie sociale du village, les femmes s'y retrouvaient pour discuter.
Photographie prise au 27 rue de la chapelle, Loubressac, ancienne ferme.
L'eau courante n'est mise en place que dans les années 60, avant cela, les habitants vont se servir au puits. Chaque ferme à son propre puits, pour les autres, il existe un puits communal.
Il n'existe pas de salle de bain dans les maisons. On se rince et se rafraîchis avec l'eau du puits durant la semaine, et on se lave dans des grosse barrique d'eau le dimanche.
Pour les toilettes les plus sophistiquées il s'agit d'un trou dans le jardin avec une petite cabane en bois; pour les autres il s'agit d'aller directement dans l'étable des vaches.
Pour la lessive, on fait bouillir le linge dans une lessiveuse, on l'emmène jusqu'au ruisseau le Goberté ou dans la Vienne pour le rincer à l'aide de sa cassette et de son battoir.
Laveuses à Lussac, dans la Vienne.
Chaque ferme possède au moins une étable pour les vaches, des toits pour les cochons, un poulailler, des cages à lapins ; parfois des chevaux, des chèvres, des moutons. Les animaux apportent : viande, lait, fromages, œufs.
Chacun cultive également son propre potager à légumes, des champs pour les animaux, le blé, le foin, etc.
Des pieds de vignes pour le vin.
Certains possèdent des ruches pour le miel.
Pour les plus riches un four à pain.
On profite aussi de la chasse (lièvres, perdrix, faisans, sangliers, etc.) et de la pêche (crevettes de rivière, carpes, etc.) pour se nourrir.
Chaque famille est presque en mesure de subsister à ses propres besoins.
Témoignage de Moisette Maupin, née le 11 février 1943 à Loubressac.
