LA GUERRE
Première Guerre Mondiale 1914-1918.
Aujourd'hui, plus personne n'est en mesure de témoigner de la vie à Loubressac lors de la Première Guerre Mondiale. Plusieurs habitants de la commune sont partis pour cette Der des Der et morts au front. Certains résidaient à Loubressac.
Sur l'embrasure de la fenêtre de l'auberge "à l'oche melée", figure les noms et signatures des jeunes conscrits de 14, avant de partir au front.
Il reste encore la gamelle de Pierre Maupin, soigneusement gardée par sa famille.



Témoignages de Moisette Maupin, née le 11 février 1943 à Loubressac.
Seconde Guerre Mondiale 1939-1945.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Loubressac se trouve en zone libre jusqu'en 1942. La ligne de démarcation passe à Fleuré, à 16km du village.
En juin 1940, c'est l'Exode à Mazerolles, qui subit une véritable scène de guerre.
"Une batterie de 4 canons de CDA avait été installée au bord de la RN 147, du côté droit en allant vers Poitiers, au bas de la côte de Fontliasme, près du village de Loubressac. Pendant qu'elle était stationnée là, un seul avion allemand a survolé l'endroit, mais le temps que les artilleurs, au repos, traversent la route et se mettent en position, l'avion avait disparu...
Toujours en juin 1940 Gérard Maupin se souvient d'avoir dû traverser la file des réfugiés mêlés à des soldats en déroute, pour aller du village du Pont de Mazerolles vers un champs de citrouilles

Loubressac
Ligne de démarcation passant à Fleuré.
situ près de la nationale. L'un des hommes avait conservé sa baïonnette fixée au canon de son fusil ! Alors qu'il avait terminé de sarcler ce champ, et s'était dirigé vers un autre, par le chemin dit du Pontoriau auquel on accède après le pont routier et qui est parallèle à la rive gauche de la Vienne, des avions allemands ont largué des bombes visant la voie ferrée. Elles sont tombées entre la voie et la route, au niveau des établissement Tartarin actuellement (tout près de Loubressac, 1km). Puis ils sont revenus et ont mitraillé la colonne, sans toucher qui que ce soit, à sa connaissance. Il s'est abrité sous les peupliers bordant la rivière, alors que les balles hachaient les feuilles au-dessus de sa tête. Le calme est revenu."*
A Loubressac, les grottes sont utilisées par les habitants comme refuge lors des bombardements.
Plusieurs habitants du villages font preuve de résistance. Certains rejoignent les différents maquis des alentours, qui se battent dans la forêt de Lussac sur la rive opposée. Le pigeonnier et le souterrain de la Maigne à Loubressac, leurs servent de refuge et de point de réunion à certaines occasions. Plusieurs actions de résistance sont menées sur la commune : sabotage du pont de chemin de fer, parachutage de denrées et d'armes légères, hébergement de personnes recherchées (américains, anglais, canadiens, résistants, etc.), passage de courriers, denrées et personnes entre les zones libres et occupées, etc.
D'autres cachent des personnes juives dans leur grenier ou leur cave. Jeanne Maupin, habitante de Loubressac, cache une mère et son enfant. Elle n'est pas la seule, mais par peur, certains garderons le secret même après la guerre. Nombreux sont les Justes qui ne sont pas reconnus.
On trouve également des bals clandestins à Loubressac et à La Grange (de l'autre côté de la RN 147). Les soirées, connues par le bouche à oreille et très fréquentées, sont animées par des accordéonistes et musiciens de la commune. On utilise également des phonographes et des harmoniums.
Les habitants de Loubressac et de La Grange n'ont pas réellement souffert des restrictions. "Pour le pain, le blé était transporté vers les moulins Bichon, Naudon Péricard d'où on rapportait la farine. Le pain était cuit dans des fours au village. Grâce aux échanges, il y a toujours eu du pain blanc frais. Le beurre était fabriqué dans chaque ferme grâce au lait des vaches. La viande n'a jamais manqué. On tuait des volailles et des lapins; la chasse étant interdite, des pièges (collet) étaient posés et un porc était sacrifié malgré l'interdiction.
Cependant quelques manques. Pour l'huile, M. Cubeau, aux bordes de Gouex, broyait des graines de colza (donnant une huile nommée "cholette" pour la cuisson) et des noix (fournissant l'huile pour les salades). Mais il fallait aussi peler des graines de citrouilles, travail long et fastidieux qui permettait d'obtenir une huile verdâtre. Le café, était remplacé par de l'orge grillé (le malt). Le sucre était remplacé par de la saccharine. Les denrées obtenues avec les tickets de à l'épicerie étaient insuffisantes. Un colporteur, M. Ha, de Bouresse, surnommé "Caïfa" passait de temps en temps. Il se déplaçait dans une petite carriole tractée par un chien. Il vendait mercerie, sucre, café, sardines salées et harengs séchés, appelés "gendarmes", mangés avec des haricots blancs. Un complément était également trouvé à l'épicerie de Cubord toujours bien approvisionnée, ce qui demeure un mystère. On y venait à bicyclette, de plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde et la file d'attente était longue. La marchandise faisait quand même défaut et les derniers repartaient bredouilles.
Les semelles de bois articulées étaient fabriquées au château des Escorcières, à Gouex, par des salariés de Loubressac et Lussac. On trouvait toujours des sabots chez Jean-Baptiste Demontoux, à Lussac, mais on portait souvent des vêtements rapiécés."*
Plusieurs habitants de Loubressac et des communes alentours, témoignent du passage de la division allemande Das Reich, auteur du terrible massacre d'Oradour-sur-Glane. La division remonte sur le RN 147 en direction de Poitiers. Elle s'arrête à Lussac-les-Châteaux, puis à l'estaminet dans la petite maisonnette à l'entrée de Loubressac. Certains témoignent qu'ils sont saouls, pleins de suie et se vantent de leurs de leur travail.
*Témoignage de Gérard et Marcelle Maupin, recueilli le 13 janvier 2012 par J-C Corneille, dans Le Lussacois pendant la seconde guerre mondiale, par les Passeurs de mémoire du Lussacois, en 2016.