La chapelle de Loubressac "fut un haut lieu de pèlerinage, l'un des plus importants du Poitou encore en 1900. On y venait beaucoup du Limousin en repentance. Outre le pèlerinage, c'était aussi l'occasion d'un séjour et de fêtes sur les bords de Vienne" mentionne Hélène Crouzat, directrice du musée archéologique de Civaux.
LE PELERINAGE
La chapelle est depuis longtemps un lieu de pèlerinage important dédié à Saint-Sylvain. Les fidèles y viennent effectuer leur "voyage". Saint-Sylvain avait la réputation de guérir le mal violet (maladies souvent nerveuse liées aux convulsion), mais également les furoncles et dermatoses, chez les enfants. Le "voyage" consistait à réciter un chapelet en commençant dans la chapelle, puis en effectuant trois fois le tour de l'édifice dans le sens de la marche du soleil, et pour finir on pénétrait à l'intérieur. On brûlait ensuite un cierge. Le malade embrassait la statue ou, avec un mouchoir, on allait toucher la statue du saint à l'endroit du mal, puis on frottait le corps de l'enfant avec. Par la suite, on coupait un ruban en deux, une partie était laissée sur l'autel et l'autre devait être portée par l'enfant. Les parents habillaient ensuite leur enfant de nouveaux habits, comme pour symboliser leur purification. Les anciens était laissés dans une niche, destinés à être distribués aux enfants nécessiteux.
Les voyages sont effectués sous les conseils de "l'Angélina" (Angélina Maupin), puis plus tard sa fille, "la Jeanne" (Jeanne Maupin), guérisseuses du village. Lorsqu'on ne peut pas se déplacer, c'est à elles que l'on demande d'effectuer les voyages.
Dans le chœur de nombreux ex-voto sont encore visibles. Parmi eux, on trouve une peinture mentionnant "Saint-Sylvain, merci j'ai été guérie. MB 1902". Il s'agit de l'oeuvre de Marie Baranger (1902-2003), artiste fresquiste, élève de Maurice Denis, offerte en remerciement de sa guérison du mal violet étant enfant.
L’ASSEMBLÉE DE LOUBRESSAC
Loin d'être une simple fête religieuse, l'Assemblée de Loubressac était aussi une fête villageoise. La fête religieuse avait lieu chaque année, le dimanche qui précède la Saint-Michel le 29 septembre et l'assemblée le dimanche d'après.
Lors de cette assemblée plusieurs fidèles venaient effectué leur "voyage" en l'honneur du Saint. Le curé de Mazerolles se déplaçait pour célébrer les vêpres. Dans son Essai historique et chronologique sur la paroisse de Mazerolles en 1866, Stéphane de La Nicolière écrit: "Avant 1789, quatre prêtres ne suffisaient pas à réciter les évangiles sur la tête des visiteurs et, l'année dernière (1865) le curé de Mazerolles évangélisa plus de huit cents personnes le jour de l'assemblée de Loubressac". Les fidèles sont principalement des limousins. Ils arrivent en chars à banc des coins les plus reculés de la région.
Afin d'accueillir tout le monde, un décret demandait aux habitants de ramasser les récoltes et rentrer le foin dans les champs alentours. Plusieurs restaurants et cafés en plein air venaient s'installer. Annie Puissesseau témoigne dans son ouvrage Loubressac, village de la Vienne, que son arrière grand-mère y tenait un stand "A l'oche melée" (à l'oie confite). C'est elle qui tenait l'auberge du village, du même nom. Au XIXe siècle on comptait une dizaine de restaurants.
Des jeux et des bals étaient aussi organisés. On joue aux quilles dans un gros trou, au palet bretons.
Les assemblées cessèrent après la seconde guerre mondiale. Mais le culte de Saint-Sylvain se perpétue toujours sous forme de voyages individuels et de pèlerins isolés. Ces deniers, jusque dans les années 80, trouvaient un guide en la personne dévoué de Jeanne Maupin, habitante et guérisseuse de Loubressac, attachée aux traditions séculaires.
Témoignages de Moisette Maupin, née le 11 février 1943 à Loubressac.
Tableau de la fresquiste Marie Baranger en remerciement à Saint-Sylvain pour sa guérison.
Témoignages de Moisette Maupin, née le 11 février 1943 à Loubressac.
Morceaux de rubans laissés aux pieds du Saint.
Il n'y a pas, à ma connaissance, de photographies prises lors des Assemblées de Loubressac. Il en existe néanmoins de certains pèlerinages de la région, ce qui peu nous donner une idée de ce à quoi cela pouvais ressembler. On retrouve les chars à banc utilisés pour se rendre en pèlerinage, les stands de jeux ou de restauration.
