CHAPELLE SAINT-SYLVAIN

Un fief religieux est mentionné au lieu-dit Loubressac, situé sur les bords de Vienne, dès 1232. La chapelle encore visible aujourd'hui est le vestige d'un ancien prieuré médiéval dépendant de l'abbaye d'Airvault dans les deux Sèvres. Elle date en partie du XIIIe siècle. La paroisse de Loubressac est réunie à celle de Mazerolles avant 1696, mais le curé de Loubressac est encore mentionné en 1649. Le moulin et les terres de la Maigne et de la Seigne dépendaient de ce prieuré. A la Révolution,ce dernier est victime d'un incendie et tombe dans le domaine privé. Il s'agit en réalité d'une dote. Le lieu appartient aujourd'hui à la famille Lavril. La chapelle reste néanmoins un lieu important de pèlerinage dédié à Saint-Sylvain jusqu'au XXe siècle.
Saint-Sylvain est l'un des disciples de Saint-Martial de Limoges, avec qui, à la fin du IIIe siècle, il aurait entrepris d'évangéliser les populations du Limousin et du Poitou. Selon la légende il aurait été tué par les Limousins, enfermé dans un sac et jeté dans la Vienne. Arrêté par une pile du pont de L'isle Jourdain, il aurait continué sa course jusqu'à Loubressac, porté par le courant. Les habitants trouvèrent le corps et le chargèrent sur une charrette, pour le porté à la paroisse voisine. Les bœufs refusèrent d'avancer. Le Saint marquait sa volonté d'être inhumé sur place. On édifia alors un sanctuaire qui devint un lieu de pèlerinage très fréquenté.
L'édifice est compris dans un ensemble de bâtiments formant l'ancien prieuré (maison, grange, toits). Les logis datent sans doute du XVIIe siècle. La maison attenante (ancien prieuré), est percée d'une porte en plein cintre, surmontée d'un fronton en plein cintre mouluré, agrémenté d'un écusson non frappé. Un escalier extérieur, en angle, conduit à l'étage.
La chapelle présente un plan rectangulaire de 8 m par 4 m. La façade est percée d'une entrée en arc brisé, surmonté d'une croix grecque en bas relief. Un campanile en pierre, percé de deux arcades, couronne la façade. A l'origine, c'est là que se trouvaient les cloches, aujourd'hui disparues. A l'intérieur, un premier espace dédié aux fidèles comportait les bancs. A droite de l'entrée, une pierre carrée présentant une cavité cylindrique repose sur le sol; elle sert de bénitier et semble ancienne. Le chevet, de forme plate, est la seule partie encore voûtée en berceau plein cintre. Sur la voûte on distingue encore une colombe entourée d'une couronne de fleurs.



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Le chevet a été rehaussé d'un colombier. La reprise est nettement visible de l'extérieur. Sur le mur du chevet, on trouve également les trace d'un ancien vitrail gothique en arc brisé agrémenté de lancettes et de trilobes. Même s' il a été muré, il est encore visible de l'extérieur. Les restes d'un vitrail représentant Sainte-Radegonde ont été retrouvés sur les lieux. Il s'agit sans doute des restes du vitrail muré.
Le chœur est légèrement rehaussé. Contre le mur du fond, se trouve l'autel en pierre, portant la statue de Saint-Sylvain en plâtre. Il porte dans sa main gauche un livre clos et sur sa main droite sont accrochés plusieurs rubans par les fidèles. Une sorte de chancel en bois était encore présent au siècle dernier afin de séparer l'autel de l'espace des fidèles. La mention "Saint-Sylvain priez pour nous 1795" est peinte sur le mur au dessus. La statue d'origine se trouve aujourd'hui à l'église de Mazerolles. Elle est datée du XVe ou XVIe siècle. Elle représente Saint-Sylvain, habillé des vêtements sacerdotaux. Il tient dans ses mains un livre clos au fermoir ouvragé, et une palme en or, symbole du martyr, aujourd'hui disparue. Elle est protégée au titre des monuments historiques depuis 1956.


Une autre sculpture, représentant une Vierge à l'enfant, a été trouvée par le propriétaire, directement utilisé comme moellons dans la maçonnerie près de l'autel. La sculpture a été dégagée, afin d'être étudiée. Les têtes ont disparues, et la statue est en mauvais état. Elle comporte des traces de polychromie (rouge, bleu et vert). Le caractère fruste dénote un art populaire.

Une nouvelle chapelle est édifiée au XIXe siècle, sur la parcelle en face. Elle aurait été édifiée en raison d'une dispute entre la propriétaire de la chapelle ancienne et le curé desservant Loubressac résidant à Mazerolles. L'Eglise n'appréciait pas qu'un édifice religieux aussi important soit du domaine privé. Les cérémonies officielles étaient par la suite célébrées dans l'édifice moderne en dépit de la répugnance de nombreux fidèles. Malgré cela les fidèles continuaient de se rendre dans l'ancienne chapelle pour effectuer les rites ancestraux. Les pèlerinages déclinèrent après la seconde mondiale, et le clergé cessa d'officier.















